jeudi 25 décembre 2008

Grèce: un second tir provoque une nouvelle vague de colère

Un autre tir a été tiré ce mercredi 17 décembre en soirée, touchant un écolier à la main, mais ne causant heureusement pas de dommage majeur. Le tireur était un policier ou un fasciste, ce n’est pas encore clair. Ce jeune de 16 ans était membre du conseil de son école et était très impliqué dans le mouvement.


Nicos Anastasiades, “Xekinima”, CIO-Grèce. Article publié le 19 décembre


Cela a entrainé une nouvelle vague de colère, et les rassemblements à Athènes étaient aujourd'hui très grands, de l’ordre de 20.000 personnes, combinés avec une grève de 24 heures des enseignants et une interruption de trois heures des travailleurs du secteur public.


Plusieurs écoles et universités occupées



Selon les chiffres officiels, 200 facultés (sur un total d'environ 400) et 700 écoles (sur 3.000) sont actuellement occupées. Chaque jour, il y a encore des manifestations nationales ou locales.


Tout ceci a terrifié le gouvernement de droite, qui a une majorité de seulement un siège au parlement. Il a employé toute sa force pour stopper les mobilisations. Les médias traditionnels accusent les manifestants (et les émeutes) d’être responsables de la diminution des ventes, principalement due à la crise économique. La police grecque est arrivée à court de gaz lacrymogène et en commande maintenant plus issu d'Israël.


Le ministère de l'éducation a demandé aux professeurs de ne pas donner de leçons mais "d’engager les étudiants à dépenser leur temps de manière créative" (comme… des excursions, des pique-niques, des visites de musée, etc.) afin de les empêcher de rejoindre les manifestations.


L'organisation ouvertement fasciste Aube d'Or (se masquant sous l’appellation de "citoyens en colère") a attaqué des manifestants aux côtés de la police, en utilisant des couteaux. Des vidéos ont aussi montré des provocateurs masqués coopérant avec les forces de police.


Un mouvement de masse, mais les dirigeants syndicaux jouent un rôle honteux


Après les deux premiers jours d’émeutes incontrôlées, le mouvement de masse est venu au premier plan. Le seul espoir du gouvernement est que les vacances de Noël arrivent à diminuer la colère présente dans la société. C'est pourquoi il est important que le mouvement ait une idée de la suite de la lutte, juste après la réouverture des écoles et des universités.


Les dirigeants syndicaux ont joué un rôle honteux dans cette situation. Au lieu de rejoindre le mouvement et de mobiliser les travailleurs afin de vaincre un gouvernement faible et réactionnaire, ils n’ont rien fait pour préparer la grève de 24 heures de la semaine dernière et refuse de discuter d’une nouvelle. Ce qui se passe réellement, c’est que le PASOK (Mouvement Panhéllenique - sociale démocratie grecque) et ses dirigeants syndicaux sont terrifiés à la perspective de la chute de la Nouvelle Démocratie, au pouvoir pour l’instant. Cela signifierait qu'ils devraient alors prendre le pouvoir dans une situation très instable.


De plus, le PASOK ne fait pas que s’abstenir de mener campagne pour faire chuter le gouvernement, il demande aussi aux étudiants de retourner en classes !


Les dirigeants politiques, y compris du Parti Communiste, attaquent SYRIZA


La semaine dernière, le premier ministre Karamanlis a appelé tous les dirigeants politiques pour le rencontrer et leur a demandé de «condamnez la violence et le chaos» dans une tentative désespérée de sauver son profil.


Après la réunion, le dirigeant du Parti Communiste (KKE), Aleka Papariga, a attaqué SYRIZA en accusant ses dirigeants de ne pas prendre de position claire contre la violence des protestataires (les émeutes). En fait, tous les partis politiques attaquent SYRIZA.


C’est que SYRIZA est la seule force politique qui a sorti une analyse politique et sociale sérieuse des émeutes, tout en approuvant pleinement le mouvement et en appelant étudiants et lycéens à rester dehors et à continuer la lutte. C'est également la seule force qui a revendiqué que ce gouvernement doit partir.


Comment le mouvement peut-il se développer?


Répondre à cette question n’est pas facile. Il est fortement possible qu'il y ait une période calme pendant les vacances, mais qu’il y ait ensuite des mobilisations importantes. La colère dans la société grecque est si énorme qu’il ne sera pas simple de manœuvrer la jeunesse et les travailleurs.


Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière participe et joue un rôle important dans beaucoup d’occupations et de manifestations. Nous réclamons que les mobilisations adoptent un programme militant et soulignons le besoin des actions de masse en insistant sur l'importance cruciale de la classe ouvrière. Nous faisons campagne pour des grèves de 24 heures, en tant que part d'un plan visant à faire chuter le gouvernement. Nous insistons sur la nécessité pour les partis de la gauche (SYRIZA, KKE, extrême-gauche) d'avoir une approche unie, de participer aux luttes et de viser à la création d’un gouvernement de gauche basé sur un programme socialiste, dans l'intérêt de la classe ouvrière, de la jeunesse et des paysans pauvres