jeudi 25 décembre 2008

Grèce: un second tir provoque une nouvelle vague de colère

Un autre tir a été tiré ce mercredi 17 décembre en soirée, touchant un écolier à la main, mais ne causant heureusement pas de dommage majeur. Le tireur était un policier ou un fasciste, ce n’est pas encore clair. Ce jeune de 16 ans était membre du conseil de son école et était très impliqué dans le mouvement.


Nicos Anastasiades, “Xekinima”, CIO-Grèce. Article publié le 19 décembre


Cela a entrainé une nouvelle vague de colère, et les rassemblements à Athènes étaient aujourd'hui très grands, de l’ordre de 20.000 personnes, combinés avec une grève de 24 heures des enseignants et une interruption de trois heures des travailleurs du secteur public.


Plusieurs écoles et universités occupées



Selon les chiffres officiels, 200 facultés (sur un total d'environ 400) et 700 écoles (sur 3.000) sont actuellement occupées. Chaque jour, il y a encore des manifestations nationales ou locales.


Tout ceci a terrifié le gouvernement de droite, qui a une majorité de seulement un siège au parlement. Il a employé toute sa force pour stopper les mobilisations. Les médias traditionnels accusent les manifestants (et les émeutes) d’être responsables de la diminution des ventes, principalement due à la crise économique. La police grecque est arrivée à court de gaz lacrymogène et en commande maintenant plus issu d'Israël.


Le ministère de l'éducation a demandé aux professeurs de ne pas donner de leçons mais "d’engager les étudiants à dépenser leur temps de manière créative" (comme… des excursions, des pique-niques, des visites de musée, etc.) afin de les empêcher de rejoindre les manifestations.


L'organisation ouvertement fasciste Aube d'Or (se masquant sous l’appellation de "citoyens en colère") a attaqué des manifestants aux côtés de la police, en utilisant des couteaux. Des vidéos ont aussi montré des provocateurs masqués coopérant avec les forces de police.


Un mouvement de masse, mais les dirigeants syndicaux jouent un rôle honteux


Après les deux premiers jours d’émeutes incontrôlées, le mouvement de masse est venu au premier plan. Le seul espoir du gouvernement est que les vacances de Noël arrivent à diminuer la colère présente dans la société. C'est pourquoi il est important que le mouvement ait une idée de la suite de la lutte, juste après la réouverture des écoles et des universités.


Les dirigeants syndicaux ont joué un rôle honteux dans cette situation. Au lieu de rejoindre le mouvement et de mobiliser les travailleurs afin de vaincre un gouvernement faible et réactionnaire, ils n’ont rien fait pour préparer la grève de 24 heures de la semaine dernière et refuse de discuter d’une nouvelle. Ce qui se passe réellement, c’est que le PASOK (Mouvement Panhéllenique - sociale démocratie grecque) et ses dirigeants syndicaux sont terrifiés à la perspective de la chute de la Nouvelle Démocratie, au pouvoir pour l’instant. Cela signifierait qu'ils devraient alors prendre le pouvoir dans une situation très instable.


De plus, le PASOK ne fait pas que s’abstenir de mener campagne pour faire chuter le gouvernement, il demande aussi aux étudiants de retourner en classes !


Les dirigeants politiques, y compris du Parti Communiste, attaquent SYRIZA


La semaine dernière, le premier ministre Karamanlis a appelé tous les dirigeants politiques pour le rencontrer et leur a demandé de «condamnez la violence et le chaos» dans une tentative désespérée de sauver son profil.


Après la réunion, le dirigeant du Parti Communiste (KKE), Aleka Papariga, a attaqué SYRIZA en accusant ses dirigeants de ne pas prendre de position claire contre la violence des protestataires (les émeutes). En fait, tous les partis politiques attaquent SYRIZA.


C’est que SYRIZA est la seule force politique qui a sorti une analyse politique et sociale sérieuse des émeutes, tout en approuvant pleinement le mouvement et en appelant étudiants et lycéens à rester dehors et à continuer la lutte. C'est également la seule force qui a revendiqué que ce gouvernement doit partir.


Comment le mouvement peut-il se développer?


Répondre à cette question n’est pas facile. Il est fortement possible qu'il y ait une période calme pendant les vacances, mais qu’il y ait ensuite des mobilisations importantes. La colère dans la société grecque est si énorme qu’il ne sera pas simple de manœuvrer la jeunesse et les travailleurs.


Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière participe et joue un rôle important dans beaucoup d’occupations et de manifestations. Nous réclamons que les mobilisations adoptent un programme militant et soulignons le besoin des actions de masse en insistant sur l'importance cruciale de la classe ouvrière. Nous faisons campagne pour des grèves de 24 heures, en tant que part d'un plan visant à faire chuter le gouvernement. Nous insistons sur la nécessité pour les partis de la gauche (SYRIZA, KKE, extrême-gauche) d'avoir une approche unie, de participer aux luttes et de viser à la création d’un gouvernement de gauche basé sur un programme socialiste, dans l'intérêt de la classe ouvrière, de la jeunesse et des paysans pauvres

mercredi 17 décembre 2008

Révolte en Grèce

Le meurtre d’un garçon de 15 ans par la police entraîne une colère de masse


Samedi dernier en soirée, un groupe de jeunes étudiants de secondaire a crié vers une voiture de police qui passait devant le café où ils étaient, au centre d'Athènes, et ont jeté deux bouteilles d'eau en plastique d’un demi litre sur cette voiture. Les deux policiers ont arrêté la voiture plus loin, sont sortis et se sont approchés. Un des officiers a sorti son pistolet et a tiré vers les lycéens, tuant l'un d'entre eux. Les deux policiers ont alors simplement tourné le dos au groupe et sont partis !

Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce), article écrit le mardi 9 décembre


La société grecque est naturellement sous le choc. Immédiatement, un rassemblement de plusieurs milliers de personnes a pris place au centre d'Athènes en protestation. Des manifestations se sont déroulées dans toutes les principales villes de Grèce le jour suivant et de nouvelles manifestations ont été prévues le lundi, le mardi et le mercredi, matins et après-midis. La fureur et la colère son massives ! C’est qu’il y a tellement tension à l'intérieur de la société ; à cause du chômage et de la pauvreté, à cause de 23 ans de politiques d'austérité, à cause des scandales et de la corruption et, maintenant, du meurtre de sang froid, de l'exécution d’un garçon de 15 ans par la police ! La goutte a fait déborder le vase, et une énorme colère s’est répandue.


Le gouvernement essaye de défendre qu’il s’agit d’un incident isolé - l’argument habituel. Mais les gens ne sont pas disposés à écouter. Pour l’énorme majorité des travailleurs et de la jeunesse, le policier a simplement agi en conséquence de ce pourquoi la police est formée. Les policiers sont vus comme des racistes liés à l’extrême-droite et menteurs, des gens qui détestent les mouvements sociaux et répriment brutalement les grèves et les manifestations. Il y a eu tellement tant d'incidents en ce sens que personne n’a vraiment besoin d'être convaincu.


Le gouvernement est dans une paralysie absolue. Avec une majorité de seulement un parlementaire (151 sur 300), le gouvernement est en soi déjà instable.


«Ce gouvernement de meurtriers doit tomber» est le slogan principal avec lequel Xekinima (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce) intervient dans ces événements. Nous appelons à l’occupation de toutes les écoles et universités ainsi qu’à des grèves dans le but de faire chuter le gouvernement. En même temps, nous appelons à la formation d’un gouvernement de gauche, basé sur les forces de SYRIZA (une nouvelle formation de gauche composée d'environ 11 organisations et partis différents, dont Xekinima) et du KKE (parti communiste de Grèce), pour prendre le pouvoir sur base d'un programme socialiste, au service des intérêts des travailleurs, de la jeunesse et des paysans pauvres de Grèce.


Un mouvement de masse peut conduire à un réel changement



Ce gouvernement peut tomber sous l’action d’un puissant mouvement des travailleurs et de la jeunesse, mais pas par les émeutes et la destruction massive que nous avons vues dans chaque ville ces derniers jours, provoquées par des groupes d'anarchistes (dans les rangs desquels se trouvent beaucoup d’agents provocateurs). Au cours de ces derniers jours, ces groupes ont eu carte blanche pour détruire tout ce qui tombait dans leurs mains. Mais si cela continue, ces actes joueront en faveur du gouvernement et de l'Etat. Au début, les travailleurs pouvaient accepter quelques excès de ces groupes, mais particulièrement après les dernières émeutes, cette humeur changera. Les arguments basés sur la « loi et l'ordre » commenceront à gagner du terrain. Ainsi, ces groupes qui ne montrent aucun respect pour un mouvement de masse et en particulier pour le mouvement ouvrier fourniront la meilleure aide pour qu'un gouvernement et un appareil d'État paralysés puissent reprendre le contrôle.


Seul un mouvement de masse et en particulier la classe ouvrière est capable de faire chuter ce gouvernement, par des actions de masse. Seule la classe ouvrière peut fournir une alternative au gouvernement et au système capitaliste.


La totalité du secteur éducatif est déjà à l’arrêt. Beaucoup d’occupations prennent place. Les professeurs des universités ont appelé à une grève de trois jours. Les professeurs du primaire et du secondaire ont appelé à une grève de deux jours. Demain, mercredi 10 décembre, il y a une grève générale appelée par le GSEE (confédération grecque des travailleurs grecs). Cette grève était initialement prévue pour protester contre le budget, mais avec les derniers évènements, elle prendra une toute autre forme.


La question principale est maintenant de savoir comment continuer le mouvement après mercredi. La jeunesse peut être un facteur décisif - ils peuvent prendre l'initiative et aider ainsi la classe ouvrière entrer décisivement en lutte. Un des facteurs les plus importants est le fait que SYRIZA, dans son ensemble, est sorti avec le slogan, « Ce gouvernement doit tomber ! » Cela peut donner une direction au mouvement et à la société.

mardi 16 décembre 2008

Hong Kong organise sa Gay Pride

Ce samedi, la Chine a vu sa première Gay Pride dans les rues de Hong Kong. L'une des principales revendications des participants portait sur l'arrêt de la censure toujours en vigueur contre les films et programmes télévisés traitant ouvertement de l'homosexualité. Les manifestants ont également dénoncé les discriminations quotidiennes que subissent les homos, notamment au niveau professionnel.

C'est un grand pas en avant pour la cause LGBT alors que Mao avait rendu l'homosexualité illégale. Des centaines de lesbigays ont été envoyé dans des camps de rééducation par le dictateur pour "déconstruire ce qu'un environnement social et culturel perverti avait fabriqué en créant de toutes pièces l'homosexuel." Ce n'est qu'en 2001 que les relations homosexuelles ont été légalisées par le gouvernement chinois.

L'année prochaine, les associations LGBT vont tenter d'organiser la Gay Pride à Pékin, bien qu'il y ai peu de chance que cela soit autorisé étant donnée la grande difficulté qu'on eu les LGBT à avoir les autorisations pour la Gay Pride de samedi dernier à Hong Kong

Moscou sera protégée de la «propagande homosexuelle»

Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, est bien sérieux: lui vivant, jamais une gay pride ne sera autorisée à Moscou! La ville sera protégée de la «propagande homosexuelle», et ce «même si quelques démocrates viennent nous expliquer que la gestion des minorités apparaît comme un indicateur important de la démocratie». Par ailleurs, M. Loujkov a accusé les homosexuels de Russie d'être «responsables de la propagation du sida» dans leur pays, commentant les chiffres des contaminations en 2008. Voilà qui vient expliquer pourquoi le 1er élu de la capitale russe avait qualifié la gay pride d'"«arme de destruction massive» en février dernier...

Ce n'est cependant pas la première fois que des politiques ou des religieux s'en prennent fièrement au LGBT (Lesbiennes, Gay , Bi, Trans). Lors des Gay Pride Russe organisée à Moscou (en mai 2006 et mai 2007), différentes citations comme
"J'ai une solution pour les homos: la Sibérie!", "Je proteste contre ces sodomites qui rampent comme des cafards!", "les homosexuels nuisent à la cause nationale en ne participant pas au renouvellement des générations"... se sont fait entendre de la part de membres du gouvernement et même du président russe de l'époque, Vladimir Poutine. (voir notre article sur la Gay Pride russe en 2007) .

Et dans la lutte contre l'homosexualité, Église orthodoxe et élus russes font bon ménage. Mais Loujkov vient de perdre un allié de poids: on a annoncé ce jeudi le décès du patriarche Alexis II, plus haute autorité religieuse du pays, pour qui l'homosexualité était une «déviation perverse»

Nous pensons que le moyen pour arriver à l'égalité n'est pas simplement d'obtenir le droit au mariage et à l'adoption. Gauche et Homosexuels, la commission LGBT du MAS/LSP veut défendre un programme pour des changements structurels dans la communauté gay - et élaborer une stratégie pour arriver à ces changement.

dimanche 7 décembre 2008

Bruxelles: manifestation contre le réchauffement climatique

Quelques centaines de personnes se sont réunies hier à Bruxelles à l'appel de la "plate-forme coalition climat" pour porter, notamment, la revendication d'une diminution de 30% des gaz à effet de serre dans l'Union Européenne d'ici 2020 par rapport à 1990. Une petite ballade a donc été organisée derrière un bateau de 15 mètres surmonté d'un Saint Nicolas. Le MAS/LSP était présent avec un peu plus d'une trentaine de camarades, répartis entre une délégation combative et différents militants qui ont diffusé notre matériel le long du parcours.


Par Nicolas Croes



C'est à l'occasion du sommet de l'ONU de Poznan sur les changements climatiques que ce défilé d'organisations environnementales a parcouru les rues de la capitale, comme l'an dernier lors du sommet de Bali. On se souvient encore des quelques 3.500 participants qui étaient alors dans le cortège, un beau début contrastant assez fortement avec les quelques centaines de manifestants de cette année. La mobilisation semble avoir été remplacée par un côté "festif" ou "ludique". La situation actuelle ne prête pourtant pas à rire, et l'utilité d'une telle démarche reste encore à prouver.


Selon les déclarations du responsable du dossier Climat de Greenpeace: "La phase de sensibilisation du grand public est passée. Il faut maintenant faire réagir les hommes politiques" (Le Soir, édition du 6 et 7 décembre). Si par "sensibilisation" on entend parler simplement du problème, il est certain que la population est alertée. Mais en termes de solutions proposées pour faire face au changement climatique, c'est un peu court (bel euphémisme) de simplement s'adresser aux politiciens. Pour sauver les banques à toute vitesse, on peut compter sur eux. Pas de problèmes. Aucun souci non plus pour vider les caisses de la collectivité en faisant des cadeaux au patronat, on sait sur qui compter. Par contre, en ce qui concerne les intérêts de la majorité de la population, et notamment vis-à-vis de la protection de notre environnement, les politiciens de tous bords sont bien en peine de faire autre chose que de recycler leurs déclarations de bonnes intentions.


Et pourtant, de façon assez étrange, malgré toutes ces années où "nos" élus ont littéralement laissé pourrir la situation et ont hypothéqué l'avenir des générations actuelles et futures de crainte de froisser patrons et actionnaires, le principal message de beaucoup d'organisations semble se limiter à cette incantation à "faire réagir les hommes politiques". Après combien de mensonges et de trahisons de la part des Leterme, Di Rupo &Co ces derniers verront-ils les suppliques qui leur sont constamment adressées remplacées par des cris de colère ?


Les seuls hommes politiques qui peuvent réellement réagir sont ceux qui défendent la majorité de la population, qui défendent les travailleurs et leurs familles sur cette question comme sur d'autres (l'inaction des politiciens face à la crise environnementale rappellera à beaucoup de militants syndicaux l'absence de mesures autres que cosmétiques sur la question du pouvoir d'achat). De tels élus ne sont aujourd'hui pas présents au parlement.


Le prochain pas à poser - pour les défenseurs de l'environnement comme pour les travailleurs qui luttent pour le maintien de leurs emplois et pour des conditions de travail et de salaires décentes - c'est de construire un parti qui relaye les revendications qui émergent des luttes autour de la seule véritable force capable de changer la société. Le prochain pas pour chacun de nous, dans le camp des travailleurs et des opprimés, est de construire un parti syndical avec et autour de la base des syndicats, un parti des travailleurs.


Les lecteurs de ce site ou de notre journal savent que pour nous il est clair que la responsabilité de la crise environnementale se trouve chez ceux qui décident de la manière dont la production est organisée dans la société. Nous ne voulons pas culpabiliser ceux qui n’ont de toute façon rien à dire sur la manière dont les choses sont produites. Le fait est que la soif de profit à court terme qui caractérise le capitalisme nous conduit bien tous à notre perte, que ce soit en termes d'emploi, de salaire, d'environnement, de pression sur les individus, etc.


Ce fait devient limpide pour un nombre croissant de personnes, mais il est à regretter que ce lien évident n'ait pas été mis en lumière, que beaucoup considèrent encore que la crise économique et la crise environnementale sont des phénomènes distincts. En définitive, nous n'aurons résolu ces problèmes et bien d'autres encore que d'une seule manière: en ayant détruit le capitalisme avant qu'il n'ait détruit la planète pour bâtir une société socialiste, démocratiquement planifiée.


Beaucoup peuvent considérer que c'est un objectif lointain, mais on verra incomparablement plus rapidement arriver une telle société que d’assister à une prise en charge conséquente de la question environnementale de la part de politiciens vendus aux grandes entreprises.

samedi 6 décembre 2008

Biodiversité: En Belgique, un tiers des espèces vivantes sont menacées de disparition

23.000 espèces végétales et animales sont recensées en Belgique. Parmi elles, plus d’une sur trois risquent de n’être plus que des souvenirs dans un avenir que l’on pense toujours à tort trop lointain. Pourtant, c’est bien à court terme que se situe le danger, qui n’est d’ailleurs pas sans incidences pour l’homme…


La nouvelle n’est pas récente (1), elle vient en fait d’un rapport fortement pessimiste du service de statistique du SPF Economie rendu public en juillet de cette année. On y apprend que sur les 7 espèces de reptiles connues dans notre pays, 5 sont menacées, tout comme 9 espèces d’amphibiens (sur 15), 23 espèces de mammifères (sur 64), 31 espèces de libellules (sur 64), 55 espèces de papillons (sur 91), 30 espèces de poissons (sur 128) ou encore 42 espèces d’oiseaux (sur 171). Quant aux plantes, la situation est tout aussi préoccupante : 420 des 1.460 plantes supérieures (c’est-à-dire les arbres, espèces à fleur,…) sont en danger.


Les causes sont multiples : la diminution de la végétation ou des sites favorables à la reproduction, la dégradation des cours d’eau et la pollution sous toutes ses formes. Bien évidemment, cette situation ne concerne pas que la Belgique. Selon l’Union mondiale pour la Nature (UICN), sur les 44.838 espèces vivantes surveillées, 16.928 sont qualifiées de menacées en 2008. Pour donner une idée de la dynamique du processus en marche, 16.306 espèces étaient ainsi qualifiées en 2007...


Certains cyniques pourraient se dire : en quoi cela peut-il nous concerner ? C’est que les différentes espèces vivantes ne sont pas là uniquement pour le plaisir des yeux. Bien loin de l’image dénigrante des bestioles sauvages improductives, en filtrant l’eau, en purifiant l’air ou en fertilisant les sols, toutes les espèces nous rendent d’immenses services dont nous n’avons bien souvent tout simplement pas du tout conscience. Comme nous l’avons déjà mentionné sur ce site (voir notre brochure sur la crise environnementale : Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète !), certains scientifique ont fait une estimation chiffrée des services innombrables rendus par la nature qui s’élève à 33.000 milliards de dollars, c'est-à-dire autour du double de la richesse mondiale.


Toute l’attention de la presse est principalement focalisée actuellement sur la crise économique mondiale qui se développe. Mais il faut aller jusqu’au bout de l’analyse de cette crise : le mode de production capitaliste n’a pas des incidences que sur l’économie. La soif de profit à court terme est également un immense danger pour la planète et briser ce système d’exploitation de la Terre et des hommes est une absolue nécessité.


Le Soir du 5 et 6 juillet 2008, Une espèce sur trois en sursis

vendredi 5 décembre 2008

Après le nouveau FN, une nouvelle scission

Le Front National a indéniablement ses points forts. Le parti francophone d’extrême-droite a une histoire de scissions et de disputes internes comme nul autre ne peut s’en vanter. Le Front National « rénové » ne renie pas cette tradition. Après le départ de Delacroix, un nouveau président devait être élu, ce qui a été prétexte à une nouvelle scission.


Delacroix en Féret


Après la disparition du président Féret (pour cause de détournement des moyens de son parti pour la construction d'une villa au sud de la France notamment), son successeur Michel Delacroix a dû rapidement débarrasser le plancher. Delacroix avait il y a quelques temps été poursuivi pour possession d'armes et n’était pas connu pour tenir des propos particulièrement doux. Pourtant, il affirmait vouloir rénover le parti en un parti d’extrême-droite moderne. Mais après qu’une vidéo de lui chantant une chanson violemment anti-juive avec un membre du conseil du CPAS de Malines pour le compte du Vlaams Belang ait été publiée, il a dû quitter ses fonctions.


Après le départ de Delacroix (qui reste toutefois parlementaire et membre du bureau de parti du FN), il fallait trouver un nouveau président. Deux candidats ont émergé : le responsable financier du FN, Huygens, et un candidat de l'aile wallonne du parti, Petitjean. Huygens a eu la préférence de la plupart des chefs du parti dont le bruxellois Patrick Sessler, qui tire de plus en plus les ficelles au FN. Ce dernier serait aussi favorable à un arrangement avec le Vlaams Belang, selon l’édition d’hier du quotidient flamand De Morgen. Ce journal affirme que Filip Deman a obtenu un mandat du VB pour travailler en coulisse à la « modernisation » du FN. Le nationalisme belgicain du FN ne semble apparemment pas former un obstacle pour faire notamment des conventions électorales à Bruxelles avec l’extrême-droite nationaliste flamande.


Avant les élections pour la présidence du FN (à laquelle seulement une vingtaine de personnes ont eu l’opportunité de participer) Petitjean a été menacé par des inconnus. Sur les murs de son habitation à Pont-à-Celles (près de Charleroi), le grafitti suivant a été inscrit : “FN, si tu allumes la flamme, je suis là pour l’éteindre.” Selon Petitjean, cette même phrase figurait dans un mail qui lui a été envoyé par un membre de l'entourage de Sessler. Ensuite, une vitre de sa façade a volé en éclat. L'ordre et la discipline ne sont pas des notions vides de sens pour l’extrême-droite.


Lundi dernier, le bureau de parti du FN s'est déroulé dans un certain chaos. 16 personnes étaient présentes et Huygens a finalement été élu à l’unanimité. À un moment où le parti a perdu ses dotations - alors que le FN dépend à 98% de ces dotations - il n'a pas semblé être une mauvaise idée d’élire président le responsable financier du parti…


Le soutien unanime pour Huygens ne représentait toutefois pas 16 voix, mais seulement 11. Cinq membres du bureau de parti sont partis avant le vote, dont les parlementaires wallons Charles Petitjean et Charles Pire. Ces derniers veulent fonder un nouveau parti, la « Fédération wallonne du FN », à ne pas confondre avec la fédération wallonne du FN de Huygens. Tous disent être contre l'idéologie totalitaire, dont le national-socialisme, sur lequel la direction du FN continue à se baser. Qu'eux-mêmes aient fait durant plusieurs années partie de cette direction du FN ne rentre visiblement pas en ligne de compte.


Donc, 11 des 20 membres du bureau ont soutenu le nouveau président, dont Michel Delacroix lui-même. Mais d’autres problèmes se sont encore ajoutés à tout cela. A côté des problèmes financiers du parti, différents scandales ont émergé, dont l’inculpation du parlementaire Borbouse pour violence conjugale (ce qui, convenons-en, le fait plutôt mal dans un «parti de la famille»). Un collaborateur de ce Borbouse a été condamné en 2000 pour fraude (ce qui n’est pas une bonne chose dans un parti qui veut lutter contre la criminalité).


Ces nouveaux développements au FN sont le résultat de la position étrange dans laquelle ce parti se trouve. Sur base de l'exemple du grand frère français, le FN obtient des scores électoraux non négligeables (à concurrence de 7% à 8%) mais, en même temps, le FN belge ne dispose d’aucune structure solide ou de cadre de parti développé qui pourrait éviter que les disputes internes ne soient la norme plutôt que l'exception. Le FN vit en d'autres termes au dessus de ses moyens et en paye le prix fort. Il lui est impossible de se développer en un parti qui dispose de suffisamment de cadres et de militants pour pouvoir inverser le cours des choses. Le FN veut se diriger dans cette direction, mais beaucoup de temps et de crédit ont été perdus. Cela ne signifie toutefois pas qu’aucun espace n’existe pour une formation d’extrême-droite du côté francophone du pays. Bien au contraire, comme le démontre le fait que sans véritable projet, le FN réussit déjà à obtenir autour de 10% dans certaines villes.


Pour les antifascistes, la vigilance reste de mise. Nos dernières actions contre la venue de Le Pen à Bruxelles ou contre la tentative du FN d’organiser un meeting électoral à Molenbeek (tentative tombée à l’eau comme Patrick Sessler n’a pas pu trouver de salle, en accusant ensuite la « loi de la rue » imposée par le MAS/LSP et Résistance Internationale), étaient des mobilisations justifiées et importantes pour éviter que le FN ne puisse faire ses premiers pas pour se développer en un parti de cadre. Nous avons également participé le 1er mai dernier à Charleroi à une manifestation contre la tentative du groupuscule Nation d’organiser son propre rassemblement à l’occasion du 1er mai. La période à venir connaîtra encore des actions et des campagnes antifascistes. Participes-y aussi !