lundi 28 juillet 2008

Consommer moins ?


Ces dernières années, l’idée que nous devons revoir notre consommation pour préserver l’environnement s’est de plus en plus répandue. La hausse des prix actuelle sonne à ce titre comme une bénédiction aux oreilles de certains partisans de cette théorie, car elle pourrait forcer la population à moins consommer...

Il faut un sacré paquet de cynisme pour se réjouir de l’appauvrissement de la population mondiale (nous sommes passés de 750 millions de victimes de la faim en 1995 à 950 millions aujourd’hui), peut-être en pensant que c’est une solution pour la surpopulation? Mais s’il n’y a qu’une minorité qui tend jusqu’à cet extrême, l’idée d’une baisse volontaire de la consommation est néanmoins présente.

On estime que 20 à 30% de la population mondiale (principalement aux Etats-Unis, en Europe et au Japon) consomment 70 à 80% des ressources tirées de notre planète. Et chaque année, c’est environ 4 milliards de tonnes de déchets qui sont déversées dans les dépotoirs officiels, presqu’arrivés à saturation. En fait, l’espèce humaine vit aujourd’hui à crédit en consommant chaque année plus que ce que la nature ne peut lui fournir en se reconstituant (la plupart des matières premières ont mis des millénaires à se constituer). Alors oui, il faut consommer mieux. La question est de savoir comment y arriver.

Certains considèrent la révision du mode de consommation comme une démarche individuelle. Face aux médias, à la publicité, aux films, aux feuilletons, aux magazines “people”, etc., ce type d’exemple individuel ne peut que rester marginal et donc inoffensif pour le système. D’autant plus que dans beaucoup de cas, consommer mieux (des produits locaux ou issus du « commerce équitable »,...) signifie dans une société basée sur la concurrence de consommer plus cher...

La question qui se pose ici est une question de société. Or, la consommation n’est pas le point de départ du système. Parler du “mode de consommation des pays industrialisés” est une façon commode de masquer la nature du système de production capitaliste et de l’exploitation impérialiste. C’est pourtant là que se situe le principal problème. Le plus grand gaspillage n’a pas ses racines ancrées dans la consommation des particuliers - qui n’ont d’ailleurs rien à dire sur ce qui est produit, où et de quelle manière,... - mais dans le chaos de l’économie capitaliste (voir notre dossier central). La consommation découle de ce système, s’attaquer seulement à cet aspect, c’est comme s’en prendre uniquement à une des branches d’un arbre malade.

D’autres sociétés ont déjà dû faire face au danger de l’épuisement de leur environnement. Les Indiens Anasazis ou encore les Mayas n’ont pas su réagir, mais d’autres bien, et à chaque fois sur base d’un contrôle central des ressources (les habitants de l’île de Tikopia ou encore les Japonais de l’ère Tokugawa). Aujourd’hui, les moyens technologiques nous permettent de faire de même à l’échelle planétaire tout en impliquant chacun dans l’élaboration et la réalisation d’un plan de production et de distribution des ressources.

Selon le rapport 2006 du WWF, au rythme d’aujourd’hui, l’actuel système de production de l’humanité prélèvera en 2050 deux fois plus de ressources que ce que la Terre ne pourra renouveler. Les ressources ne vont pas disparaître du jour au lendemain, mais si la crise du crédit aux Etats-Unis a bien illustré quelque chose, c’est qu’une vision à court terme a des limites... à court terme. La terre elle aussi réagira quand la dette du système envers elle sera trop lourde. Dans les deux cas, au niveau de la crise économique et de la crise environnementale, la classe ouvrière doit se battre pour obtenir le contrôle de la production et de la société.



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