dimanche 20 juillet 2008

Anderlecht : violences racistes !

La semaine passée, certains supporters du Sporting d’Anderlecht proches de l’extrême-droite, suite à la victoire de leur club en coupe de Belgique, sont descendus dans le quartier Saint Guidon pour malmener des jeunes d’origine immigrée. Le prétexte utilisé par les hooligans et des bandes de skinheads a été la rumeur du viol d’une jeune fille commis apparemment par des jeunes d’origine immigrée. Nous condamnons bien sûr fermement de tels actes, mais ceux-ci ne peuvent être instrumentalisés pour prendre pour cible l’ensemble de la population immigrée. Or, c’est bien là le jeu de l’extrême droite : utiliser les actes de certains pour stigmatiser toute une communauté.

Article d’Antoine, Jalil et Karim

La tension s’est alors vite développée pour en arriver, vendredi passé, à un appel à la confrontation à Anderlecht. Via des blogs et une mobilisation parmi la jeunesse immigrée de certains quartiers, la réponse ne s’est pas fait attendre. La mobilisation, souvent désordonnée et malheureusement sur base communautaire, s’est concrétisée quelques jours plus tard pour aller à la confrontation avec ces skinheads et hooligans.

Vendredi 23 mai, au lieu du rendez-vous, tous les protagonistes répondent présents : une grosse centaine de « supporters », canettes de bière à la main, de l’autre côté 300 à 400 jeunes en colère. Entre les deux, la police venue en nombre pour empêcher l’affrontement. Des deux côtés, les esprits s’échauffent et des pavés sont lancés contre la police. Aux cris de "Bougnoules enculés!" ou encore de "On est chez nous!", les émeutiers racistes déchargent toute leur haine sur chaque personne un peu trop basanée qui croise leur chemin. Durant toute la soirée, la police sera sur deux fronts et cela dégénèrera en émeute durant laquelle des vitrines de commerces et d’habitations voleront en éclat.

L’attitude de la police et les skinheads :

En fin de soirée, la police annonce 194 arrestations, dont 193 jeunes d’origine immigrée. Dans une manœuvre qui n’a fait qu’augmenter la tension, le lendemain, le bourgmestre a décidé d’interdire tout rassemblement de plus de 5 personnes sur la voie publique.

Certains jeunes, même seul ou à deux, ont été ainsi arrêtés « préventivement ». Dans la centaine d’arrestations préventives du samedi soir, on ne retrouve encore une fois que des jeunes issus de l’immigration. Une méthode : les contrôles et les arrestations au faciès. Il n’y a eu qu’un conseiller communal Ecolo pour réagir et s’ensuivra une timide réaction du MRAX.

Au vu de ces infos, il est clair que la police d’Anderlecht, et par la même occasion, son bourgmestre MR, Gaëtan Van Goidsenhoven, ont choisi le camp qu’ils protègeront : celui des skinheads et des hooligans d’extrême droite.

En effet, tout porte à croire (cf : articles dans la presse, témoignages,...) que les autorités d’Anderlecht ont laissé tranquillement les groupes d’émeutiers racistes se former sur la place Linde après un cortège de voitures et de camionnettes qui a déversé des skinheads mobilisés un peu partout en Belgique.

Selon nos informations, une grande partie d’entre eux étaient des membres du BCS, un groupe de hooligans anderlechtois. Un groupe à bout de souffle qui s’est allié pour l’occasion avec d’autres groupes de hooligans et de skinheads de Belgique (tel que « Nation », dont beaucoup de membres ont participé activement à l’émeute) et des Pays-Bas.

Ce quartier est depuis longtemps celui où l’extrême droite radicale a pu jouir d’une certaine présence, par exemple du temps du Front de la jeunesse, et diverses attaques racistes ont eu lieu dans des quartiers tels que La Roue,....

Ce n’est plus complètement le cas aujourd’hui, mais on doit voir qu’avec ces événements, le noyau dur des supporters néonazis d’Anderlecht reste un vivier pour les idées racistes et la violence qui en découle. Avec aujourd’hui un danger sérieux qu’une extrême droite organisée puisse, sur ces bases-là, tenter de construire un noyau plus dur.

La politique des partis traditionnels :

Nous devons bien comprendre que la violence raciste qui s’est exprimée le week-end passé dans ce quartier ne tombe pas du ciel. Ces dernières années, en Belgique et ailleurs en Europe, une certaine extrême droite radicale s’est nourrie de la misère sociale qui existe dans ces quartiers pour passer à l’action sous forme de ratonnades, de meurtres racistes,...

Cela s’exprime également au niveau mondial : ce qui se passe en Afrique du sud illustre bien à quel point les ratonnades, immolations et autres actes racistes se perpétuent sur fond de misère sociale.

Mais ne soyons pas dupes : il est normal que les partis politiques responsables depuis plusieurs années de la politique antisociale et raciste menée par notre gouvernement ne sachent amener aucune solution aux conséquences de leur propre politique. Charles Picqué (PS), ministre-président de la Région bruxelloise, préconise "la réalisation d’une étude poussée permettant de déterminer avec précision le profil des auteurs de ces actes." Très bien. Mais il ne souffle mot sur la politique de démolition sociale que son parti et ses partenaires au pouvoir à la Région appliquent depuis des années, et sur les conséquences désastreuses que cette logique implique pour des milliers de familles dans nos quartiers.

A titre d’exemple quelques chiffres intéressants :

  • 18% de la population bruxelloise est au chômage : ce sont surtout les jeunes de 15 à 24 ans qui sont plus durement touchés par le chômage à Bruxelles avec un taux de 35,3%
  • 6% des salariés vivent sous le seuil de la pauvreté.
  • Aujourd’hui, ce sont plus de 11.000 Belges qui doivent exercer un 2ème emploi pour joindre les deux bouts.
  • + de 111.000 personnes doivent recourir aux banques alimentaires.
  • etc.

De l’autre côté, la politique néo-libérale a permis aux grandes entreprises d’engranger des bénéfices record alors que notre situation ne fait que s’aggraver.

A titre d’exemples, quelques chiffres intéressants :

  • La banque KBC a engrangé un bénéfice record de 708 millions d’euros (= 20% de hausse)
  • Inbev a vu ses bénéfices augmenter de 48% en 2007.
  • Le PDG d’Inbev s’octroie alors un salaire de 3,57 millions d’euros, soit 1 million de plus qu’en 2006.
  • etc.

Et tout cela alors que ces mêmes entreprises, avec la bénédiction de notre gouvernement, licencient, gèlent nos salaires, détruisent tous nos acquis sociaux,...C’est bien dans ce contexte que nous devons comprendre la situation qui s’est développée à Anderlecht. En effet, face à un manque de réponse et d’alternative provenant du mouvement ouvrier afin d’unifier les travailleurs quel que soit leur origine, religion et sexe dans une lutte commune, la violence raciste et les solutions haineuses peuvent prendre de l’ampleur.

Quelles méthodes de lutte et quelle solution ?

Il est dès lors important et nécessaire de discuter des méthodes de lutte. Nous comprenons évidemment la volonté qui a poussé les jeunes à vouloir s’opposer aux skinheads dans leurs rues ainsi que les causes qui poussent ces mêmes jeunes à exprimer leur colère et leurs frustrations en saccageant tout ce qui se présente à eux. Nous ne pouvons en effet laisser la haine raciste s’exprimer dans nos rues sans réactions mais nous n’acceptons pas pour autant ces méthodes d’action.

Les travailleurs et les habitants des quartiers ne doivent pas être les cibles de ces violences. Ce sont eux aussi les premières victimes du système et de la politique du gouvernement. Nous ne pouvons pas lutter efficacement contre la politique antisociale et l’extrême droite en détruisant des commerces et des habitations.

Face à la réponse sur base communautaire amenée par certains jeunes de ces quartiers, nous argumentons énergiquement pour en arriver à une réponse collective des travailleurs, avec leurs familles, de ces quartiers en s’organisant activement contre la politique antisociale et la violence raciste. Les skinheads et les hooligans qui sont descendus dans nos rues ce week-end ne représentent pas la majorité des travailleurs et des jeunes bruxellois.

Nous utilisons régulièrement un slogan qui nous tient à cœur et qui est "Tout ce qui nous divise nous affaiblit!". Nous pensons qu’il exprime aujourd’hui le danger de ce qui se développe à Anderlecht et nous voulons construire avec tous ceux qui sont prêts à ne plus laisser se reproduire une telle violence raciste l’unité la plus complète des travailleurs, des habitants et des jeunes ainsi que mettre sur pied un outil pour lutter efficacement contre cette société capitaliste et ses conséquences, telles que le racisme, la misère, la guerre,...

Nous sommes depuis des années actifs sur le terrain de l’antiracisme, nous avons organisé encore dernièrement une manifestation contre la venue de Le Pen à Bruxelles, en janvier, ou encore participé et mobilisé pour une manifestation à Charleroi contre la tentative de récupération du 1er mai par le groupuscule néo-nazi Nation qui a réuni environ 300 personnes.

C’est pourquoi nous vous appelons à discuter et à prendre contact avec Résistance Internationale pour participer à la construction d’une telle organisation.

« Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme » (MALCOLM X)

  • Stop à la violence sexuelle et envers les femmes !
  • Stop à la violence raciste, pour une réaction organisée des travailleurs et de leurs familles dans nos quartiers pour barrer la route à l’extrême droite !
  • Des emplois, pas de racisme !
  • Stop à la chasse aux chômeurs ; 32 heures de travail par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
  • Pour une augmentation substantielle de nos salaires et de nos allocations ! Plus un euro par heure !
  • Pour une lutte unifiée de tous les travailleurs contre la politique antisociale des partis traditionnels !


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