dimanche 20 juillet 2008

Pas de sexisme dans mon festival !


L’été est là. Des centaines de milliers de jeunes profitent de leurs vacances, de la bonne musique et du plaisir d’être avec des amis et leur copain/copine (ou essaient d’en chercher un nouveau/nouvelle). Beaucoup de filles vont néanmoins être confrontées à autre chose que des relations sexuelles consenties. Certains mecs ne voient les femmes que comme des objets sexuels et trouvent donc normal de les harceler.

Par Anja Deschoemacker


Il y a quelques dizaines d’années à peine, les filles ne jouissaient pas de la liberté de rechercher le plaisir sexuel. Cette émancipation est le fruit des luttes des générations précédentes de féministes et de travailleuses pour plus d’indépendance, de liberté et d’égalité.

Le sexisme n’a cependant pas disparu avec ces évolutions, mais s’est développé sous de nouvelles formes qui coexistent avec les anciennes. Et si les capitalistes sont remarquables pour une chose, c’est sans aucun doute pour leur capacité à faire des profits avec n’importe quoi, y compris avec la rupture du tabou sur la sexualité.

Le sexe, devenu omniprésent dans notre société, a été détourné pour devenir le support du néo-sexisme. Les publicités en sont un des exemples les plus significatifs: le corps est utilisé comme moyen pour attirer les clients. Celui de la femme est totalement banalisé et transformé en objet sexuel.

A l’opposé, certains remettent en question cette situation au bénéfice du vieux modèle réactionnaire d’abstinence. Leur projet est de reléguer la femme au second plan, celui de mère et d’épouse soumise. Cela conduit à un amalgame entre la critique du néo-sexisme et une vision conservatrice de la femme. L’opposition au néo-sexisme est rapidement ridiculisée et caricaturée pour « manque d’humour », « frustration sexuelle », « pudeur excessive », etc.

L’opposition du MAS/LSP n’est ni prude ni conservatrice. Nous n’avons rien ni contre le nu ni contre le sexe en tant que tels, mais bien contre leur instrumentalisation à des fins commerciales car celle-ci renforce le machisme. Les femmes sont ainsi incitées à accepter des comportements sexuels ne correspondant pas à leur désir mais plutôt à celui des hommes. Nous défendons la liberté sexuelle. Mais la liberté implique également le droit de dire « non » et de s’attendre à ce que ce non soit respecté.

Prétendre que cela n’a aucune influence sur les gens est incroyablement naïf. Même si le porno-sexisme est un phénomène récent, de nombreuses études démontrent l’existence d’une pression grandissante sur les femmes pour les conduire à faire des « prestations sexuelles ». Des enquêtes européennes montrent qu’entre la moitié et les trois quarts des jeunes femmes se sentent « souvent mal à l’aise » à cause de remarques et d’attitudes à connotation sexuelle pouvant dans certains cas virer au harcèlement. Que ce soit à l’école, au travail, dans les festivals, etc., il est de bon ton de rigoler avec le « pinceur de fesses », mais celles qui se font pincer rient jaune.

Il existe un mécontentement profond chez les filles. Mais nous constatons néanmoins que rien n’est offert aux jeunes qui veulent s’opposer à cette situation. C’est pourquoi nous menons une campagne cet été, comme nous l’avons fait pendant des années dans les différentes universités, pour convaincre les jeunes femmes qu’elles peuvent lutter et s’opposer au néo-sexisme. Si tu veux en savoir plus (calendrier des activités, liste de matériel, etc.) ou en discuter avec nous, n’hésite pas à nous contacter.