vendredi 28 novembre 2008

Italie: Le mouvement de masse contre les attaques contre l'éducation continue

« Nous ne payerons pas la crise ». C'était le slogan principal aux lèvres des 200.000 étudiants universitaires ou du secondaire qui ont marché dans les rues de Rome le 14 novembre. « Si elles bloquent notre futur, nous bloquerons la ville » ont-ils criés. Et c’est exactement ce qui s’est passé.

Christine Thomas, Lotta (CIO-Italie) Article publié en anglais le 18 novembre

Ils étaient venus de partout en Italie - du nord, du centre, du sud et des îles - pour participer à la dernière action de masse dans la « vague » de protestations étudiantes qui a balayé l'Italie. Des milliers de personnes qui n’ont pas pu participer à la manifestation de Rome ont participé aux manifestations locales. Même les étudiants Erasmus ont protesté à l'étranger à Paris, à Londres, à Madrid, à Bruxelles et ailleurs.

Le 14 novembre était également le jour d'une grève nationale pour les universités et les chercheurs. 100.000 lecteurs, chercheurs, membres du personnel techniques et administratif, bon nombre d'entre eux « précaires », ont participé à une manifestation parallèle à Rome organisée par deux des principales fédérations syndicales, la Cgil et de l'Uil.

Un movement de masse

Ce mouvement énorme, le plus grand dans l'éducation depuis plus de 20 années, s’est développé contre les réformes de ‘Gelmini’ qui signifient des coupes budgétaires, des pertes d’emploi et la privatisation massive des écoles primaires jusqu’aux universités. Ce mouvement s’est développé depuis plus d'un mois maintenant avec des étudiants et des parents occupant des écoles et des universités et des classes se déroulant au milieu de places pour clarifier et populariser ce que ces réformes veulent vraiment dire.

Quand le premier ministre Silvio Berlusconi a menacé d’envoyer les forces de l’ordre pour expulser les étudiants impliqués dans les occupations, les protestations se sont répandues de plus belle. Cependant, l'intimidation et la répression dans les écoles a eu pour conséquence que ce sont maintenant principalement les étudiants qui continuent les occupations. Mais des dizaines de milliers de lycéens participent aux manifestations locales et nationales.

Lotta, le groupe du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Italie, a appelé à une grève générale nationale de 24 heure pour lier ensemble les étudiants, les parents et les travailleurs de l’enseignement avec les autres secteurs publics et les travailleurs du secteur privé qui sont également sous attaque de la part du gouvernement Berlusconi. Avec l’aide de militants du CIO issus d'Allemagne, d'Irlande, et d'Angleterre, nous avons vendu des exemplaires de notre journal à la manifestation étudiante et distribué des milliers de tracts expliquant comment ces attaques sont enracinées dans la crise économique et soulevant la nécessité d'une alternative de masse anticapitaliste.

Grève générale

Au cours du mois passé, en plus de la grève nationale des universités, des travailleurs du secteur public ont été impliqués dans des grèves régionales et dans une grève nationale contre leur dernière offre de salaire ; les syndicats de la base ont organisé une grève qui a mobilisé 2 millions de travailleurs; 1 million de travailleurs et d'étudiants ont marché à Rome le jour d'une grève nationale des écoles ; les travailleurs du secteur des transports ont bloqué les villes dans une grève nationale sur des questions salariales ; les travailleurs de la distribution ont participé à une grève nationale, toujours sur des questions de salaire, et des grèves sauvages ont paralysé la ligne aérienne Alitalia en protestation aux milliers de pertes d’emploi et aux attaques contre les conditions de travail.

Maintenant, il est clair que « l’automne chaud » va devenir un « hiver chaud ». Sous la pression du mouvement, particulièrement dans le secteur public et chez les métallos qui avaient également appelé à leur propre grève nationale en décembre, la principale fédération syndicale, la Cgil, a été forcée d'appeler à une grève nationale pour le 12 décembre.

Vers l’avant

Des comités de lutte devraient maintenant être formés dans chaque école, université et lieu de travail pour mobiliser pour la grève et pour assurer la participation la plus large possible. Les représentants de ces comités devraient se réunir à des niveaux locaux et nationaux pour discuter de la manière de poursuivre le mouvement après la grève.

Le premier gouvernement de Berlusconi a été jeté dehors en 1994 par une grève de masse contre ses attaques sur les pensions et les soins de santé. Mais ceci soulève la question d'une alternative politique. Le parti d'opposition principal, le capitaliste Parti Démocratique, a aussi mené des attaques dans l'éducation, les soins de santé et les pensions quand il était au pouvoir. Le PRC (Parti de la refondation communiste), tout en soutenant le mouvement de l'éducation, a été discrédité par sa participation au gouvernement avec le PD au niveau national et local.

En faisant des comparaisons avec le mouvement étudiant de 1968 (qui en Italie a été le prélude à un mouvement ouvrier de masse), la presse a décrit les étudiants impliqués dans la « vague » comme apolitiques. Mais les slogans et les revendications contre la privatisation et pour un enseignement public sont clairement politiques. Ce sont les partis traditionnels que les étudiants rejettent dans une situation où il n'y a aucun point de référence idéologique de masse du côté gauche.

Potentiellement, ce mouvement peut être la base pour la construction d’un parti de masse anticapitaliste des travailleurs et de la jeunesse en Italie. Il pourrait également aider à remettre à l’avant la combativité communiste du PRC, bien que ce ne soit pas certain.