lundi 9 mars 2009

Journée Internationale des Femmes : Reportage-photo de notre Conférence nationale

Hier s'est tenue à Bruxelles notre Conférence nationale à l'occasion de la Journée Internationale des Femmes. Environ 60 personnes, hommes et femmes, ont pris part aux discussions portant sur l'histoire et l'actualité de cette journée ainsi que sur les répercussions de la crise économiques pour les femmes ou sur la violence domestique et l'origine de l'oppression des femmes.

Pourquoi fêter la Journée Internationale des Femmes aujourd’hui ?



Normalement, nous avions prévu de faire une manifestation comme l’an dernier à l’occasion de cette journée, mais cela n’a pas pu être possible. Nous n’avons toutefois pas voulu laisser passer la Journée Internationale des Femmes comme cela : l’oppression des femmes existe toujours dans cette société, et maintenant dans les conditions d’une crise économique.


Par Anja Deschoemacker



La Journée Internationale des Femmes provient à l’origine d’une grève datant de 1908 dans le secteur textile aux USA pour la journée des 8 heures, de droit de vote des femmes et de meilleures conditions de travail. L’année suivante, le Socialist Party américain a voulu commémoré cette grève. De suite, la socialiste allemande Clara Zetkin a réagi et proposé d’organiser une Journée Internationale des Femmes, une «journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l'égalité entre les sexes, et le socialisme». Il y a eu peu de réactions face à cette proposition au sein de la Deuxième Internationale mais, en 1911, le secrétariat international des femmes socialistes a organisé la première Journée Internationale des Femmes avec des actions menées dans plusieurs pays.


Depuis lors, chaque année voit des mobilisations autour de ce thème. En 1917, le 8 mars (en février selon l’ancien calendrier en usage dans la Russie des Tsars) a initié le début de la Révolution russe. Ce sont les mobilisations des femmes, notamment autour de revendications réclamant du pain et la paix, qui ont sonné le glas de l’absolutisme tsariste. Le Gouvernement Provisoire qui a succédé au Tsar a été le premier gouvernement à accorder le droit de vote aux femmes.


Les revendications de l’époque sont encore d’actualité. La crise alimentaire et les émeutes de la faim ne sont pas des évènements du passé, les guerres non plus. La société décompose et les femmes en sont les victimes, le pire exemple étant le Congo. Il serait possible aujourd’hui d’organiser les femmes au niveau international contre cette situation, mais il manque une organisation. Nous avons besoin de nouvelles formations larges de gauche pour mener le débat sur la manière de mettre fin à l’oppression.


Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la recette annuelle pour la traite des êtres humains était de 27 milliards de dollars en 2007, et ces chiffres datent d’avant la crise financière et alimentaire. En 2005, entre 800.000 et 2,4 millions de personnes (quand on compte l’esclavagisme domestique et le commerce d’organes) ont été touchées par le commerce d’être humains. L’OIT point le chômage, la misère et le manque d’instruction comme le terreau sur lequel ce commerce immonde peut se développer. L’Union Européenne estime que 120.000 personnes arrivent en EU de cette façon chaque année.


Il faut changer les conditions matérielles des femmes. Cela ne se fait pas par des lois, mais par la lutte des classe !



Stop à la violence domestique !



La violence familiale et la violence conjugale (physique, émotionnelle et sexuelle) sont souvent sous-estimées. Peu de personnes peuvent imaginer ce que c’est de vivre avec la peur des coups, des injures continuelles et pire encore. De même, peu de personnes imagines l’ampleur que cela prend dans notre société


Par Laura (Gand)

En Belgique, 25% de tous les faits de violence reportés se passent au sein de la famille et, en moyenne, une femme ne sonne à la police qu’après avoir reçu des coups 35 fois. 4 enfants sur 10 subissent la violence, et 2 sur 10 la violence sexuelle. Face à ce désarroi, le sentiment d’être inutile, la crainte d’être touché dans son intégrité sexuelle, souvent, on ne peut en parler à personne. Cette maltraitance touche toutes les couches de la société, mais les femmes les plus pauvres en sont plus régulièrement victimes.


Comme ce sont encore majoritairement les hommes qui gèrent les finances du ménage, qui gagnent le plus dans la famille, beaucoup de femmes se retrouvent dépendantes de leur conjoint. Où aller et comment survivre pour échapper aux coups ? Que faire des enfants ? Comment pouvoir ensuite les éduquer ? Mêmes les refuges qui existent sont hors de prix pour de nombreuses femmes.


Il est nécessaire de construire plus de refuges, publiquement et pleinement subsidiés. De même, l’accompagnement psychologique est à revoir ; des douleurs éprouvées des années durant ne s’éliminent pas en quelques séances. Dans la perspective de reconstruire ensuite sa vie, il est nécessaire d’avoir un large accès à des logements sociaux convenables ainsi qu’un bon emploi.


Ce sont des points essentiels à défendre là où on ne parle en général que de campagnes de sensibilisations. Ce sont les bases matérielles qu’il faut changer : de bons salaires pour éviter la dépendance financière vis-à-vis du conjoint, des logements sociaux accessibles à tous, des structures de refuge, des allocations sociales convenables…


Stop au sexisme !



Dans les médias, on ne parle du sexisme qu’à l’approche de la Journée Internationale des Femmes. Le reste du temps, ce problème pourtant omniprésent est ignoré.


Par Laure (Bruxelles)


A longueur de journée, l’image de la femme donnée dans les publicités par exemple est celle d’un objet sexuel, d’une marchandise, d’une sorte de "petite viande". On entend souvent que le sexe fait vendre, fait tout vendre : du dentifrice aux voitures en passant par la soirée organisée.


C’est un point systématique dans les soirées étudiantes où l’on voit des femmes nues pour inviter à des soirées, quand ce ne sont pas tout simplement des soirées Miss T-Shirt Mouillé qui sont organisées.


Quand nous menons campagne contre cela, on s’entend dire que nous somes prudes, coincés,… Les femmes ont eu raison de se battre pour leur liberté sexuelle, mais celle-ci n’est pas à confondre avec la dégradation et l’humiliation sexuelle. Le capitalisme a récupéré la libération sexuelle pour en faire une source de profit.


On est aujourd’hui en plein dans le règne du "sois belle et tais toi". Combien de femmes n’ont-elles pas été embauchées sur base de leur apparance physique ? Même les politiciennes utilisent cela (comme Freya Vanden Bossche dévoilant ses jambes sur ses tracts).


Mais cette image est dévastatrice. En Europe, 1% des femmes seulement sont satisfaites de leur corps, 54% des adolescentes se sentent trop grosses. Le marché cosmétique explose : le budget qui y est consacré aux USA est deux fois supérieur à celui de l’enseignement ! La valeur mondiale du secteur cosmétique est évaluée à 160 milliards de dollars par an !


Un autre marché explose aussi, celui de la prostitution et de la pornographie. Une étude récemment réalisée auprès d’écoliers de dernière année primaire a révélé que la moitié d’entre eux avait déjà vu un film pornographique. Avec une telle vision sordide des relations sexuelles comme première approche, quelles conséquences pour la suite de leur vie sentimentale et leur vision des femmes? Aujourd’hui, il y a au moins un viol par semaine dans nos écoles, et 7 viols par jour ont lieu en Belgique. Et encore, ce ne sont que des chiffres basés sur des plaintes, une multitude de faits ne sont simplement pas connus.


Une étude faite auprès de 800 femmes a révélé que 68% d’entre elles déclaraient avoir déjà eu à subir des violences physiques ou sexuelles. Face à cela, trop souvent, on considère encore les femmes comme responsables. En Italie, en 1999, la Cour Suprême avait cassé un jugement pour viol sous prétexte que lors des faits, la victime portait un jeans et que comme les jeans ne peuvent pas être enlévés comme ça, la femme avait donc dû être consentante… Heureusement, suite à des mouvements de protestations, la Cour Suprême a dû revenir sur cela.


La prostitution est une autre forme de viol. Les raisons qui poussent à la prostitution sont économiques : chômage, misère ou encore coût des études. Pour beaucoup d’étudiantes, c’est un moyen rapide, mais loin, très loin d’être facile, pour gagner de l’argent. En 6 heures, on peut ainsi gagner l’équivalent de 600 heures de job étudiant. Avec la crise économique, cela ne va faire qu’augmenter.


Nous n’acceptons pas cette image dégradante de la femme instrumentalisée pour le profit.

  • Non au néo-sexisme !
  • Pour une vraie liberté sexuelle !
  • Pour un salaire étudiant !
  • Pour des kots publics bon marchés !

Mais aussi et surtout pour une société où il ne sera pas nécessaire de vendre son corps pour survivre, une société socialiste. Malcolm X avait déclaré qu’il n’y avait pas de capitalisme sans racisme, il n’y a pas non plus de capitalisme sans sexisme !