jeudi 21 août 2008

Le mouvement d’extrême-droite NATION n’a pas remarqué le mouvement pour le pouvoir d’achat

L’année 2008 a commencé avec la plus grande vague de grève spontannée depuis les années ’70, sur la question des salaires. Les fonctionnaires flamands sont ensuite partis en action puis, entre autres, le personnel communal liégeois ou encore les travailleurs de la SNCB. Enfin, début juin, des dizaines de millier de personnes ont manifesté dans les grandes villes du pays à l’appel des syndicats. Mais, pour NATION, la population est "amorphe" et rien ne se passe…

Lors des actions pour plus de pouvoir d'achat, travailleurs d'origine immigrée et belge ont lutté ensemble. Cela a-t-il choqué NATION?

Le groupuscule d’extrême-droite a déjà à plusieurs reprises tenté de se profiler comme une organisation aux côtés des travailleurs, en distribuant des tracts sous le nom de "gauche nationale". Ce premier mai, NATION avait aussi essayé d’organiser son propre premier mai et tenté de ce fait de récupérer la tradition de la journée internationale des travailleurs (il est cependant vrai qu’en défilant à 14 à Roux, il est difficile de prétendre avoir récupéré quoi que ce soit…)

Durant le mois de juillet, le groupuscule néonazi a publié un éditorial au burlesque lui aussi extrême. Après un paragraphe abordant l’augmentation des prix de l’alimentation, du pétrole, du gaz, des logements,… NATION déclare : "Toutes ces informations distribuées en masse, aux masses et via un média de masse, le seul encore suivi par la population : la télévision. Mais pour quel résultat ? RIEN ! Absence totale de réaction d’une population semblant amorphe alors qu’il s’agit de sa vie, de sa survie et de l’avenir des siens." Mais l’éditorial n'en reste pas là et s’enfonce encore par la suite: "Devons-nous, en effet, nous réjouir que seuls les militants de NATION parcourent nos villes pour signaler qu’une RÉSISTANCE existe ?"

Les estimations divergent, mais il y a au moins eu dans nos villes à l’appel des syndicats et uniquement au cours du mois de juin : 25.000 personnes à Liège le lundi 9 juin et 8.000 à Anvers le même jour, 20.000 à Mons et 2.500 à Gand le lendemain, 4.000 à Hasselt, 4.500 à Namur, 3.000 à Arlon et 1.000 en Flandre Occidentale le mercredi et encore 10.000 à Bruxelles pour la journée de clôture. Cette dernière à peine terminée, 2.000 syndicalistes ont à nouveaux battu les pavés de Bruxelles le 16 tandis qu’Anvers voyaient déferler 13.000 autres le 24. Enfin, le 30, 1.500 militants FGTB ont manifesté dans les rues de la capitale. On parle maintenant d’une grève générale avec manifestation nationale à l’automne. Alors, "seuls les militants de NATION parcourent nos villes pour signaler qu’une résistance existe"? Avoir l’audace de publier une telle phrase ne peut être qu’un élément révélateur de la réussite des méthodes de lavage de cerveau utilisées sur les militants sus-mentionnés, dont on se demande d’ailleurs ce qu’ils font quand ils "parcourent" quoi que ce soit.

En vérité, NATION ne peut pas se permettre de parler de la réussite de ces actions syndicales au risque d’affaiblir une bonne partie de sa réthorique. Il y a des critiques évidentes à porter contre le syndicalisme de service, mais ce que les néonazis de NATION proposent, ce n’est en aucun cas de mettre en avant un syndicalisme de combat. C’est bien au contraire la suppression pure et simple des organes d’organisation des travailleurs et leur remplacement par des structures fantoches.

Pour ce groupuscule, les travailleurs et les patrons d’un même pays ont des intérêts identiques (en vertu des propritétés magiques du sol probablement), même si l’exploitation des uns est à la base des profits des autres. Rien ne sert donc de lutter contre les patrons, les actionnaires, etc. le danger vient, pour NATION, exclusivement de l’immigration. Avec un taux de pauvreté de 58%, il est pourtant difficile de dire que la population marocaine de Belgique, par exemple, pille les richesses du pays... Peut-être faut-il chercher du côté des 77 milliards d’euros de bénéfices que les 30.000 plus grandes entreprises belges ont engrangé en 2007? C'est un indice gros comme une maison mais, comme on l’a vu, NATION est fâché avec les chiffres quand ils surpassent 14 et ne voit que ce qui arrange ses «penseurs».